L’hypnose peut-elle remplacer l’anesthésie durant une chirurgie ?

Une extraction dentaire ou une chirurgie à cœur ouvert, une transplantation d’organe ou l’ablation d’un petit fibrome pendulaire : qu’est-ce que ces opérations et toutes les autres opérations chirurgicales de petite taille ou complexes sur le corps humain ont en commun ? Anesthésie, bien sûr, locale et générale. Nos corps sont équipés de récepteurs de la douleur et il serait impensable, dans la plupart des cas, de ne pas infliger au patient des douleurs atroces, et il ne serait certainement pas possible de réussir une opération.

Depuis des siècles, on connaît des substances capables d’induire une sorte de sommeil chez le patient, ce qui permet de réaliser des opérations. Les premiers pas dans la lutte contre la douleur chirurgicale ont certainement été rudimentaires, si l’on pense au fait qu’il y a déjà 5 000 ans, les Assyriens étourdissaient les patients (souvent en cas d’amputation de membres) en comprimant la carotide ou en serrant la partie à opérer avec une ficelle serrée, jusqu’à ce que la perte de sensibilité soit atteinte.

Les anciens Egyptiens utilisaient le froid apporté par l’eau glacée et la neige pour inhiber la sensibilité de la pièce à opérer.

Le développement des sciences végétales a conduit à l’exploitation des propriétés de certaines plantes opiacées.

Au Moyen Âge, la mandragore était utilisée, tandis qu’après la découverte des Amériques, la plante de coca a été utilisée par les Européens pour soulager la douleur et étourdir les patients. Des siècles passeront avant que les secrets des gaz tels que l’oxyde nitreux et l’éther ne soient dévoilés. Le chloroforme a été une autre découverte révolutionnaire.

Aujourd’hui, l’anesthésie générale est obtenue par inhalation (à l’aide de gaz anesthésiants) ou par voie intraveineuse. Mais existe-t-il des méthodes alternatives, qui n’impliquent pas de drogues et de gaz ? Oui, et la réponse est ancrée dans le phénomène que nous connaissons tous sous le nom d’hypnose.

Nous avons demandé au Dr Laurent Bagein neurologue et neuropsychiatre, de nous parler de cette pratique médicale :

Docteur, qu’est-ce que l’hypnose ? Quelles sont ses origines et ses aspects biologiques et phénoménologiques ?

“L’hypnose est un état de conscience qui se situe entre l’éveil et le sommeil et qui est souvent vécu inconsciemment par la grande majorité des gens”.

On parle de cette technique comme d’un substitut à l’anesthésie pharmacologique avant l’opération : est-il vraiment possible de l’utiliser ?

“À l’époque pré-chloroforme, l’hypnose était la seule approche utilisée par de nombreuses personnes et de nombreux chirurgiens. Il y a quelques années, des vidéos circulant à la télévision nationale montraient des césariennes sous hypnose. Il est aussi bon à savoir que la chirurgie esthétique en Turquie pratique l’hypnothérapie lors des opérations peu invasives comme la liposuccion “.

Comment se déroule-t-elle ?

“C’est une méthode qui a des règles qui permettent une initiation et qui présente des aspects techniques spécifiques dans les différentes applications spécialisées et il est prouvé qu’elle est utilisée depuis plus de trois mille ans”.

Quels sont les actes chirurgicaux pouvant se dérouler par hypnose ?

  • Chirurgie esthétique peu invasive
  • Pose anneau gastrique
  • Chirurgie dentaire ou gingivale
  • Chirurgie de la main
  • Chirurgie par laparoscopie
  • Chirurgie gynécologique

Quels sont les avantages qu’elle apporte au patient qui subit une opération et quels sont les avantages qu’elle procure ?

“Il n’y a pas d’administration de médicaments et donc vous n’avez pas les effets secondaires des médicaments et il semble que ce soit une méthode plus douce, plus naturelle qui laisse le patient moins traumatisé”.

Peut-il toujours être utilisé ou est-il évalué au cas par cas ?

“Elle est évaluée au cas par cas.

Quel est le rôle de l’hypnose dans les cas de MCS ?

“Comme méthode d’anesthésie (extraction dentaire, petites interventions) et comme méthode de relaxation”.

En général, dans le domaine médico-psychologique, dans quels contextes est-elle utile, voire avantageuse ? Y a-t-il des risques pour les patients ?

“Dans les troubles anxieux, dans les formes légères de dépression, en dermatologie, en gynécologie, en chirurgie. Fait par du personnel spécialisé, il n’y a aucun risque”.

Tout le monde ne peut pas le pratiquer : quel type de formation est nécessaire ?

“Seuls les médecins et les psychologues ayant suivi une école de spécialisation pendant au moins quatre ans”.

Il faut dire que cette pratique, en Italie, n’est pas une nouveauté, puisqu’il existe des cas d’interventions chirurgicales réalisées avec le patient sous hypnose. Cette technique a cependant plus de succès en France, notamment à l’Institut Curie à Paris, qui a introduit l’hypnose pour environ soixante-dix femmes opérées du sein, même pour les cas de mastectomie totale, c’est-à-dire l’ablation totale du sein.

Il s’agit donc d’interventions ayant un certain impact et qui, semble-t-il, peuvent également être réalisées sans anesthésie générale pharmacologique. Le premier cas italien remonte à 2013 et concerne une femme qui avait manifesté des réactions de choc anaphylactique à l’anesthésie locale. En bref, un (vieux) nouveau défi pour la médecine qui vise de plus en plus à limiter l’utilisation des médicaments, lorsque cela est possible ou recommandé.

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